Drogue en milieu scolaire « Pour de moindres raisons, on abandonne les enfants qui sont exposés aux tares et vices de la société » artiste OSKIMO.

La question de la santé en milieu scolaire reste une grande préoccupation au Burkina. Parmi les phénomènes qui minent la jeunesse scolaire, s’inscrit la consommation de la drogue. Nous sommes allés à la rencontre d’un des défenseurs de la jeunesse, surtout les scolaires et étudiants à travers la lutte contre ce phénomène. Issouf Sawadogo dit OSKIMO est aujourd’hui un combattant anti-drogue dans la sous-région. Faits tristes et édifiants qui minent une jeunesse scolaire en recherche de repère. Lisez !


EDUCMEDIAS : Présentez-vous aux lecteurs de EDUCMEDIAS ?

, L’artiste engagé depuis 15 années successives en complicité pour mieux faire passer le message

Issouf Sawadogo dit OSKIMO : Je suis Issouf Sawadogo dit OSKIMO artiste chanteur Burkinabè, Je suis engagé dans la lutte contre la drogue depuis une quinzaine d’années au Burkina Faso à travers la « caravane Jeunes propres sans drogue.


EDUCMEDIAS : Parlez-nous de votre histoire avec la drogue ?

OSKIMO : J’ai connu la drogue dans les années 1994-1998, environ dix ans de consommation. Heureusement, j’ai rapidement pris conscience du danger en l’arrêtant avec l’engagement d’aider mes frères et sœurs par des actions de sensibilisation pour lutter contre le fléau.

C’est aussi la raison de mon engagement dans la musique pour mieux porter le combat très loin et hors de nos frontières. Mon histoire dans le milieu scolaire est partie du constat que les jeunes scolaires s’adonnent à la drogue et les autres consommations connexes, toute chose qui leur est très nuisible et dangereuse pour leur avenir et celle de notre nation. C’est ainsi que je me suis dit que pour mieux s’attaquer au problème, il faut conscientiser, d’où ma présence dans les établissements scolaires et universitaires afin d’aider nos jeunes frères et sœurs.


EDUCMEDIAS : Pourquoi cet engagement sur un terrain qui semble déjà perdu, c’est à dire une jeunesse qui n’écoute plus les doyens ?


OSKIMO :
Il faut garder espoir afin de pouvoir aider ces jeunes qui sont sous l’effet des psychostimulants et de la drogue. Dans ma vision, je cherche à comprendre la raison qui les amené à prendre la drogue et autres. Certains se justifient par le manque d’emploi, d’autres par des problèmes sociaux.

En réponse, j’ai toujours dis aux jeunes de refuser la facilité dans leur vie. Et je n’hésite pas à lancer ceci : « rien de sérieux, de bien ne s’acquiert sans peines ». Je suis conscient que ce n’est pas facile, mais tant que vous n’allez pas vers ces jeunes pour essayer de les comprendre, vous n’allez jamais pouvoir les aider à sortir de cette situation.

EDUCMEDIAS : De plus en plus, la consommation de la drogue est connue dans le milieu féminin, confirmiez-vous cela ?

OSKIMO  : Oui, bien, parmi les jeunes de 18 à 19 ans, il y’a des jeunes filles qui s’adonnent à la consommation de la drogue, du chicha et autres types d’alcool frelaté. Il y’a des jeunes qui aiment les sexes, et ou il y’a filles qui se drogue, ils savent que c’est le sexe facile. Pire, les garçons encouragent et motivent ces jeunes filles à la grande consommation de la drogue afin de pouvoir faire ce qu’ils veulent. Les jeunes filles sont bien touchées par la cigarette, la drogue, l’alcool et bien d’autres produits dérivés. Elles se laissent abuser, d’autres sont dans la prostitution et autres maux qui minent la jeunesse.

EDUCMEDIAS : Il y’a cette jeunesse scolaire qui est sous l’emprise de la drogue et qui veut sortir des griffes de ce mal. Est-ce possible pour les enfants preneurs d’y quitter, d’arrêter la consommation de la drogue et comment ?

OSKIMO : C’est du rôle régalien de l’Etat de faire face à ce phénomène en mettant des centres de désintoxication avec tous les moyens humains et matériels. Certains croient que ce n’est pas possible de sortir les jeunes preneurs de cette drogue. Je suis un exemple et j’en connais beaucoup qui ont abandonné tout récemment la drogue.

Personnellement, j’ai pu arrêter sans ces moyens mais il faut aider les jeunes à avoir du courage de vivre sans la drogue. Il faut des centres adéquats de désintoxication. Il y’a quelques centres privés de désintoxication, mais sans moyens techniques conséquents. Il faut que l’Etat investisse plus afin d’aider ceux qui y sont à quitter car cela va pousser aussi ceux qui commencent ou tentent de comprendre qu’on peut bien vivre sans la drogue et réussir. Il ne faut pas confondre les malades aux victimes de la drogue.


EDUCMEDIAS : Dans les établissements scolaires, la question ne semble pas bien être prise au sérieux ? Quand dites-vous ? Ne faut-il pas aller vers des cours sur la santé scolaire ?

OSKIMO : Oui, je pense qu’il faut encore plus d’actions dans ce milieu et l’effort commun pourra nous permettre de mieux faire face. Aujourd’hui, les OSC qui sont censées aller vers les scolaires n’attendent que les financements. Par exemple, les associations des parents d’élèves ne font pas d’activités dans ce sens. Dans l’établissement où j’ai fait la compagne à Ouaga hier (ndlr : 15 novembre 2023), je n’ai même pas pu rentrer en contact avec l’APE en question n’en parlons pas soutenir mon action.

Même, dans nos ministères et institutions en charge de la santé, on nous parle parfois d’insuffisance de ressources, on veut mais on n’a pas les moyens. Avec notre caravane, j’arrive à faire le minimum mais il faut faire plus car les enfants ont besoin de contacts directs, d’échanges, d’informations pour ne pas tomber dans la drogue et autres stupéfiants. Je suis certain qu’avec le minimum d’appui matériel, OSKIMO peut faire le tour de tout le pays afin de toucher le maximum d’élèves. J’invite ces institutions à nous permettre de poursuivre notre engagement qui est au service de la nation. Il y’a des organisations de la société civile qui ont une expertise sous régionale et africaine dans cette lutte.


EDUCMEDIAS : On remarque de plus en plus des grossesses non désirées en milieu scolaire, est ce que la consommation de la drogue ne favorise-t-elle pas cette dépravation sexuelle et ces grossesses non désirées ?

OSKIMO : Si vous avez une personne qui est sous l’emprise de la drogue, rien d’étonnant qu’elle ne soit pas victime d’abus sexuel ou de viol. Je dis ça parce que les jeunes vont glisser ces stupéfiants dans les boissons des filles afin de les donner certaines libertés et des envies bizarres.

De nos jours, avec l’inondation du marché par des boissons alcoolisées, les liqueurs et autres, les élèves paient et mettent dans leurs sacs et se retrouvent ensemble aux heures de pause ou libres pour bien se mettre... Et une fois qu’ils ont bien bu, il reste quoi, c’est le sexe sans frein et hop, bonjour la grossesse.*

, Travailler à protéger les jeunes enfants.


EDUCMEDIAS : Parlons des responsabilités, que doit faire les parents pour sortir leurs enfants de ce phénomène de la drogue ?

OSKIMO : Pour les parents, je pense qu’ils sont très nombreux ceux qui ne sont plus en phase avec les réalités que vivent les enfants. Nous avons des parents qui ont démissionné de leur responsabilité parentale ne nos jours.
Quand je prends le cas des filles, elles ont souvent besoin de pommade et autres petits besoins que les parents n’arrivent pas à gérer et hop les problèmes commencent. L’enfant doit être votre ami, il faut ouvrir ce canal d’intimité et d’échanges francs pour permettre à vos enfants de vous comprendre et prendre le bon chemin.
Pour des raisons qui ne valent la peine, on abandonne les enfants et hop avec ce monde « ouvert », ils sont plus exposés aux tares et vices de la société. Bref, chers parents, chères mamans, faites de vos enfants, vos meilleurs amis, et vous aller voir que vous réussirez leur éducation. Nous ne devrons pas baisser les bras en tant que parents donc ne baissons pas la garde dans l’éducation des enfants.

EDUCMEDIAS : Nous savons que l’Etat reste le garant de la force publique, que faut-il faire pour barrer la route à ce grand mal qui mine la jeunesse , surtout scolaire ?

OSKIMO : Avec le contexte d’insécurité, la jeunesse a besoin d’être aidé, guidé pour ne pas tomber dans ces produits. Aujourd’hui, on recrute beaucoup de jeunes pour le front, et nous voulons de jeunes solides et conscients mais est ce que nous n’avons des consommateurs, des drogués parmi eux ? C’est pour dire qu’il faut lutter pour une jeunesse saine sans drogue.

Parfois, tu tends un dossier ou projet de lutte contre la consommation de la drogue mais à peine si on va lire votre projet et vous rétorquer, « nous n’avons pas de moyens, c’est difficile ». A défaut de moyens financiers, une simple recommandation qui est l’action d’orienter les preneurs de drogue vers des structures est déjà une bonne chose. Nous ne sommes pas consultés du fait de notre expérience mais vu que je suis engagé depuis quinze ans, nous pouvons apporter encore plus si nous sommes associés pour faire front commun contre le phénomène de la drogue qui est presque une tempête mondiale.

EDUCMEDIAS : Il y’a de cela quelques années que vous êtes engagés dans cette lutte, quels sont les moyens utilisés pour mener le combat ? Que répondez- vous à ceux qui disent que c’est du business que vous faites dans cet engagement contre la drogue ?

OSKIMO : Rires ! Ils n’ont qu’à s’engager sur cet élan de lutte contre la drogue, ils vont comprendre ce qu’il y’a comme difficultés. Pour OSKIMO, je suis un ex consommateur de drogue, qui s’est engagé à aider ses frères et sœurs. Nous avons beaucoup d’expérience en amont et en aval dans cette lutte. De nos jours, si on dit miss de ceci ou cela, il s’agit de mettre nos enfants à nu devant les projecteurs et les partenaires se bousculent.

, Toujours au cotés des élèves afin de les protéger contre la drogue

Mais, nous qui disons qu’il ne faut pas boire et fumer, certains pensent que nous sommes contre leur business. Je vous dis, il faut aller dans certaines localités, tu vas trouver ton promotionnaire d’âge qui est deux fois plus vieux que toi car ils sont dans cette consommation de boissons frelatées. Pour dire, que plus de 15 ans après si on n’est pas compris, ce n’est pas bien. Heureusement que les gens commencent à comprendre le combat que nous menons contre ce phénomène.

EDUCMEDIAS : Avant de livrer votre dernier message à l’endroit des élèves et les parents, est ce qu’il y’aura une campagne OSKIMO contre la drogue dans les villes du Burkina ?

OSKIMO : Si tout va bien, en 2024, nous allons commencer une campagne pour faire le tour du Burkina. OSKIMO tour va se dérouler en mars 2024, le plutôt possible pour rencontrer nos frères. C’est un grand projet qui a besoin de soutien après quinze ans d’engagement car ce n’est toujours facile. Nous comptons allez dans les régions malgré le contexte sécuritaire mais c’est aussi l’engagement.

En novembre et décembre 2023, nous allons agir plus à Ouaga et j’informe les parents que nous ferons du consulting, des échanges avec les enfants qui sont sous l’emprise de ce phénomène. Je souhaite que la paix revienne au pays. Aussi, nous devons nous unir pour sauver la patrie par l’unité nationale et surtout celle de la jeunesse. En tant qu’artiste, j’appelle tous les jeunes qui sont engagés sur ce chemin à déposer les armes et revenir à la maison.

Propos recueillis par abdoul Karim BANAO,
Retranscription Drissa Wendbark

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